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Comme des lions en cage


Il y a toutes sortes d'idées et de réflexions qui me viennent en tête lorsque je lis les posts de mes amis et connaissances sur les réseaux sociaux ou quand on se texte pour prendre des nouvelles. Je constate une évolution, c'est certain, comme la plupart d'entre nous. Je lis des articles sur les différents phénomènes qui se produisent actuellement au niveau humain et ça me touche, ça me donne envie d'écrire.


On commence à tourner en rond. On a épuisé l'envie de faire du DIY (*do it yourself) et des apprentissages maison. Les apéros Zoom perdent un peu de leur effervescence. On a tout donné dans les premières semaines par instinct de survie et maintenant, maintenant la langueur s'empare de nous (si ce n'était pas déjà fait depuis un bout...) peut-être plus souvent, peut-être juste d'un coup, on flanche. Une envie irrésistible de dormir, d'arrêter d'être des machines à tout gérer.


Nous ne sommes pas habitués à rester dans un même espace pendant des jours et des jours (avec les mêmes personnes de surcroît, ou dans la plus totale solitude). Même le modèle métro-boulot-dodo qui semble tout à coup très "sexy" nous amène à nous déplacer, à voir des gens, à sortir. On profite des fins de semaines pour s'évader ou aller au parc, on se fait des soupers entre amis (Dieu que ça me semble loin tout ça, comme si ça n'avait jamais existé!), aller flâner dans les cafés à lire un bon bouquin... Notre routine n'était donc pas si routinière finalement... (soupir).


Au fond, notre confinement, c'est vivre un deuil. Plein de petits deuils momentanés ou définitifs. Pas étonnant qu'on finisse par avoir les blues et que nous ayons de plus en plus envie de s'affaisser dans le confinement comme dans un bon sofa trop mou à la fin d'une grosse journée. Et, à l'image du deuil, nous vivons différentes étapes importantes. De les nommer permet en quelques sortes de les "exorciser", de les accueillir et de peut-être mieux les gérer.


Sans vouloir catégoriser ce qui nous arrive à tout prix (car chacun le vit à sa façon et à son rythme, et en général j'aime pas trop les petites boîtes...) il peut être réconfortant de mettre des mots sur ce que l'on ressent afin de se sentir moins seul. Voici en résumé ce que j'ai lu :


D'abord il y a la phase de "survie". C'est celle où on accuse le coup et où on vit le choc de ce qui est en train d'arriver. Problèmes de sommeil, à s'organiser, on s'inquiète de ce qui va arriver, on est accros aux informations données dans les médias et on bouffe tout ce qu'on nous dit à toute heure du jour et de la nuit.

 

Puis suit la phase dite de "sécurité". C'est le moment "confortable" où l'on se fait son petit nid à la maison. On organise l'horaire, les tâches, on fait des plans avec tout ce temps qu'on a soudainement pour soi ou pour sa famille.

 

Ensuite la phase "d'appartenance" nous amène à prendre un plus grand contrôle sur le partage des horaires à la maison, un équilibre commence à se créer entre le travail et le temps passé en famille.


La phase de "l'importance" vient après. On commence à prendre conscience des changements à l'intérieur de nous et ceux d'ordre relationnel avec notre famille, nos proches, nos amis, nos collègues. On repense notre carrière, nos priorités, notre mode de vie et on a envie de prendre des décisions face à cela. Que veut-on faire de ces constatations? Quelles sont les dynamiques que nous souhaitons modifier, actualiser dans notre entourage et dans notre vie.

 

Puis vient la phase ultime "d'auto-actualisation"qui nous prépare au retour "dans le vrai monde". Tenons-nous prêts à nous retrouver au-delà du monde virtuel, habités par ce qui a changé en nous et autour de nous (pour le mieux, je le souhaite profondément); soyez disposés à voir la rapidité avec laquelle nous avons su nous adapter et de quelle manière cela nous a rendus plus forts.


Autant au début nous vivions cet événement quasiment universel comme étant fascinant et presque "positif" (attention! Je ne dis pas ici que les impacts actuels sur la santé, la vie, la société, etc. sont plaisant et que c'est "bien fait!"), autant soudainement cette uniformité imposée se fait lourde et pèse sur notre quotidien.


Tout comme le deuil, il faut accepter ce qui arrive et voguer à ses côtés plutôt que de lutter contre. Nous avons perdu nos repères du jour au lendemain étant donné que nous n'avons pas eu le temps, ou l'espace mental, de prendre du recul. Nous ne voyons pas vraiment à quel point c'est exigeant de tout changer et de tout repenser d'un coup.


En ce moment, notre enjeu principal est de composer avec la situation qui dure dans le temps et dont on ne voit pas encore la fin. En plus, la fin qu'on nous a fait miroiter à quelques reprises est sans cesse repoussée. C'est épuisant. Comme un mirage. Cet oasis auquel on pensait être arrivés pour s'abreuver enfin, se poser à l'ombre d'une branche et qui s'éloigne un peu plus à chaque pas.


Dans un article sur le sujet, la personne confinée est comparée à un marathonien qui doit préserver et gérer son énergie et ses réserves de manière à durer le plus longtemps possible sans s'effondrer.


Pas besoin de "relever les défis du quotidien" comme des super-héros; parlez de ce qui vous enrage, de ce qui vous préoccupe, de ce qui vous met à bout. Parlez aussi de ce qui vous fait du bien et de ce que vous constatez comme changements positifs liés à cet arrêt dans le temps. Nous avons tous un niveau de résilience différent et on se doit simplement de l'accepter.


Une thérapeute dans un autre article propose ceci : « Que chacun accepte la remise en question de son mode de vie habituel et conserve de l’expérience les priorités humaines qui ont émergées. »


Je trouve ça beau et juste. On ne pourra certainement pas revenir à ce que nos vies ont été. Acceptons le deuil que cela peut représenter et tentons d'embrasser avec grandeur et ouverture ce qui s'offre à nous : une opportunité de ne justement pas revenir en arrière, de ne pas retomber dans les mêmes pièges, de se propulser au-delà de ce que nous avons décidé comme étant notre "idéal" de vie!


Je crois fermement que dans la vie (COVID ou pas), nous vivons régulièrement des changements, des moments charnière, et qu'il est important de régulièrement remettre le compteur à zéro pour voir l'endroit où nous nous trouvons et qui nous sommes, maintenant, dans l'instant présent. Ai-je encore les mêmes désirs, les mêmes aspirations, les mêmes rêves, les mêmes besoins? Le questionnement et l'auto-évaluation peuvent aller aussi loin que vous les y mènerez.


J'ai cette superbe chanson de Joe Bocan que j'ai redécouverte à travers la voix de Pilou et dont les mots me reviennent en tête depuis le début de cette tempête qui semble sans fin...


Revenir en arrière à des temps primitifs

Retrouver l'eau et l'air, est-ce un rêve naïf?

Avant Adam et Ève, le serpent et la pomme

S'inventer un pays qui n'appartient à personne...

...

Imaginer la Terre comme un jardin d'Éden

À des années-lumière et ta main dans la mienne

Aller au bout du rêve, ne serait-ce qu'un instant

Mais faire durer la trêve et voir se lever le vent...


Osez changer. Profitez-en. De la manière qui vous semble la plus adéquate pour vous, maintenant.





*Faire soi-même


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