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Photo du rédacteurMaude Desbois

Des dauphins et des licornes version 2.0

Dernière mise à jour : 25 oct. 2020

J’avais commencé à écrire un billet qui vous était destiné. Un billet qui parle des combats de la parentalité et de celui des entrepreneurs (parents ou pas) dans le contexte actuel qui en a bouffé ou abîmé plus d’un. En écrivant, mon texte a pris une tangente inespérée et je l’ai finalement publié comme article sur ma page Facebook personnelle (voir ici pour l’intégrale Des dauphins et des licornes).


Je trouve tout de même qu’une grande partie de celui-ci correspond aux parents que nous sommes, et qu’on a parfois besoin de se reconnaître dans les mots de quelqu’un d’autre pour passer au travers d’une période difficile. Je l’ai donc adapté en ce sens et je vous le partage ici.


Ça fait déjà plus d’un mois que j’ai publié mon dernier billet. Celui pour la fête des Mères. Depuis (et même avant), j’ai eu des grosses vagues d’angoisse, ressenti beaucoup de lassitude à certains moments.


Je respirais mal et j’étais franchement pas à mon meilleur. Je ne savais pas non plus quoi écrire, sur quoi écrire, pourquoi écrire. J’étais saturée je pense. Un trop plein de tout…


L’ombre est inhérente à la lumière et de montrer que nous avons des faiblesses ne constitue pas pour moi une zone de danger, mais seulement une part humaine que nous abritons tous à notre façon.


Je suis souvent perçue par mes amis comme un genre de Super-Woman qui ne baisse les bras devant rien et ils s’étonnent lorsque je leur dis que je file un mauvais coton des fois. Évidemment, je me mets sous mon meilleur jour lorsque je publie sur mes différentes pages et oui, c’est vrai que je me laisse difficilement abattre.


Je vois aussi à quel point notre image dans le monde virtuel ne dépeint pas nécessairement tout ce que nous vivons parce que, après tout, nos mauvais jours ne sont pas aussi populaires. Et aussi parce que si, comme moi, l’utilisation qu’on fait des réseaux sociaux est en partie pour le côté professionnel, on n’a pas nécessairement envie (ou besoin) de s’épandre sur nos états d’âme et nos questionnements profonds. C’est peut-être, entre autres, pour ces raisons que j’ai envie de partager ce texte avec vous.


Je peine à suivre l’actualité. J’ai peur de regarder le vide en avant de moi. Je ne peux tout simplement pas faire face à tout ce que je sais qui devrait être fait pour arriver à continuer à faire ma place (me réinventer haha !) dans le domaine artistique, ça m’écrase. L’été qui pointe son nez et le déconfinement graduel m’ont presque fait oublier la réalité dans laquelle nous sommes tous plongés actuellement.


Les fils se touchent quand j’essaie de réfléchir à « l’idée géniale » à laquelle « personne » n’aura pensé et qui pourrait dont révolutionner l’univers virtuel que nous tentons de créer pour substituer à ce qui existait dans le monde d’avant. Un succédané au goût bien fade dans ma bouche et pourtant, je suis une personne vraiment optimiste et prompte au bonheur et à la créativité. Je n’arrive plus à faire partir la machine. Page blanche, ou presque.


J’ai juste envie de repousser tout le temps le délais. Tout faire sauf de m’occuper de ce qui m’envahis (J’irais même jusqu’à trier mon tiroir de chaussettes avant je pense).


Un proverbe Indien vu récemment dit ceci : “Si tu vois tout en gris, déplace l’éléphant.” Déplacer le problème, ou s’en occuper? Une question de point de vue j’imagine... N'empêche qu'il finit quand même par prendre trop de place dans la pièce et qu'il faut éventuellement passer à l'action.


Ça c’est pour ma vie professionnelle. Pour mon rôle de maman, je me sens étrangement seule avec mes deux enfants pour qui j’essaie d’être la meilleure mère du monde. Je n’y ai jamais mis tant d’ardeur. Comme si je sentais le besoin de combler quelque chose qu’ils ont peut-être perdu. Je tente de trouver la meilleure formule pour que nous sachions tirer parti de tout ça dans l’harmonie, sans nous laisser bouffer par l’orgie de contenu éducatif offert sur écran. Et avec le « retour en classe » virtuel, ça a chamboulé la routine encore fragile, installée de peine et de misère au fil des semaines incertaines. Je les aime plus que tout, mes enfants ; et je savoure, bien entendu, tous les moments sucrés qui font sourire et qui m’explosent le cœur d’amour. Sauf que, ouf… Je pense qu’on se comprend.


L’arrivée des vacances s’est présentée comme un second souffle. Nécessaire. Essentiel. Salvateur même.


On a ralenti la cadence. On a encore plein de projets, cependant, j’ai bien senti qu’on avait tous les trois besoin de plus de lenteur dans nos journées. On a aussi besoin d’être dehors et de goûter un peu la douceur du soleil et de ce qui l’accompagne du printemps à l’été (souvent trop court). On apprend tout le temps, de toute façon… Alors à trois : on respire. 


Anyways, en ce moment, il n'y a rien de "normal" ou "d'habituel". Et le changement, surtout quand on baigne littéralement dans l'incertitude constante, est plutôt (très, beaucoup, oh combien!) inconfortable. 

 

Des journées de toasts brûlées y’en a eu, en masse. Des journées où la tartine tombe du mauvais bord, où le petit orteil se bouffe la patte de chaise. Des journées brunes qui goûtent le brun et qui sentent tout aussi mauvais.


J’en ai versé des larmes de rage, d’incompréhension, d’indignation et d’impuissance devant tout ce qui arrive malgré tout et qui nous échappe. J’ai eu honte pour le présent et le futur de mes enfants. Pour l’Humain avec un petit « h ».


J’en ai sacré sur un moyen temps dans la solitude de ma maison vidée de mes enfants une semaine sur deux, à essayer d’être productive, positive, proactive et vive la vie ! J’ai réussi. Des fois. Avec de gros coups de pied au derrière et de très grandes et longues respirations profondes pour tenter de trouver un ancrage quelque part. Un peu de courage laissé au fond d’un tiroir, comme un vingt piasse oublié dans une poche de jean et qu’on est content de retrouver. Ça fait notre journée, tsé. 


C’est dur de se secouer soi-même des fois. Dur de le trouver ce courage « perdu ». Mais ça fait sourire de mettre la main sur le p’tit trésor laissé au fond d’une poche. Un peu de sable qui entre sous les ongles, un coquillage oublié ; un petit caillou offert par ma fille, un énième bout de branche ou de verdure fièrement rapporté par mon fils qui me rappelle où elle est la vie, où il est le bonheur. C’est là que je le puise, mon courage, mon espoir ; là que je la trouve, ma force. Dans ces fragments de bonheur oubliés au fond de ma poche et que je ressors comme des paillettes que je lancerais dans les airs en riant, dans une fête imaginaire où tout le monde va bien et se trouve à la bonne place au bon moment…


Après tout, pour avoir des jours meilleurs, il faut bien qu’il y en ait eu quelques moches dans la récolte, non ?


Je ne sais pas si j’ai pris le bon chemin. Je ne sais pas si j’aide « tant que ça ». Je ne sais pas si je suis suffisamment « utile » à la société en ce moment. Je ne sais pas quel goût aura demain. Mais il y a quelques certitudes auxquelles je m’accroche et qui m’apaisent (un peu, beaucoup, parfois pas du tout) quand c’est tellement trop que j’ai mal dans la poitrine à ne plus savoir où prendre mon gaz égal.


J’existe. J’existe pour quelqu’un. J’existe pour quelque chose. Je fais de mon mieux chaque jour. Je tente d’être une bonne personne et d’aider autour de moi. Je tente de faire les meilleurs choix possible dans la mesure de ce qui m’est offert. Je tente de prendre responsabilité dans ma vie, parce que c’est ce sur quoi j’ai un contrôle et que je sais que ça a un impact sur la vie des autres aussi. Je tente d’être une inspiration pour les gens autour de moi et de me laisser inspirer de la même manière. J’essaie de ressentir de l’amour, même quand j’ai envie de maudire et de haïr.


La bonne nouvelle ? J’ai réussi à écrire ce texte, non ? 


M’ouvrir à des gens de confiance, proches de moi. Sortir de ma bulle et partager avec mon réseau. Trouver l’inspiration et la force avec d’autres. Voilà ce qui m’a aidée.


Comme je suis rendue incapable de dire « ça va bien aller » sans que ça sonne faux dans ma bouche (pas parce que je n’y crois plus, mais parce ça refoule à cause du hashtag un ‘tit peu trop abondant), je vais terminer avec ces paroles tirées d’une chanson du groupe Les Trois Accords dont le sujet n’a pas de lien avec mon billet, mais que j’aime beaucoup et que je trouve tout de même « dans le thème » : 


Et à la fin

À la fin

Les dauphins et les licornes

Danseront main dans la main

Tout autour des arcs-en-ciel


Bon été à tous.tes!




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